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L’après-Alpha Condé, entretien avec Cellou Dalein Diallo

Cela fait bientôt bientôt deux mois que l’ancien président guinéen, Alpha Condé, a été évincé du pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaire. Où en est-on aujourd’hui ? Comment se passe l' »après-Condé » et qu’en est-il du processus de transition ? Africanews s’est entretenue à ce sujet avec l’ancien Premier ministre guinéen Cellou Dalein Diallo, chef de l’opposition, plusieurs fois candidat à la présidentielle.

Nathalie Wakam : Commençons par la situation au Soudan. Une transition a été mise en place il y a quelques mois ; et puis tout s’arrête avec un putsch. Que vous inspirent ces derniers développements au Soudan ?

Cellou Dalein Diallo : « Ces changements sont à déplorer car à l’issue de la chute d’Omar el-Bechir, un consensus s’est dégagé pour associer militaires et civils pour la conduite de cette transition. Je pense qu’on assiste à un recul par rapport à la démocratie ».

Revenons à la Guinée. Nous savons que quand les militaires ont décidé de mettre fin au régime du président Condé, vous aviez accueilli plutôt favorablement cette intervention. Êtes toujours dans le même état d’esprit ?

Cellou Dalein Diallo : « L’arrivée de l’armée est pour nous une source de soulagement et de libération pour le peuple. Dès lors que cette armée-là a annoncé sa volonté d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel par des élections inclusives, libres et transparentes. Ma position reste identique. Je soutiens cette intervention de l’armée pour arrêter la descente aux enfers et j’encourage aussi les partenaires de la Guinée à accompagner le gouvernement de transition dans l’organisation de ce retour à l’ordre constitutionnel ».

Au Mali, il existe un débat sur la durée de la transition et la tenue urgente des prochaines élections. On semble percevoir une résistance pour faire les choses au bon rythme. C’est une exigence que vous vous pourriez avoir pour la Guinée ?

Cellou Dalein Diallo : « Le rôle de toute transition est d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel par la mise en place d’institutions légitimes capables d’engager les réformes profondes pour s’attaquer au fléau qui mine la société guinéenne et le fonctionnement des institutions. Ceci dit, la CEDEAO avait demandé six mois. Cela nous a paru très court compte tenu de notre expérience d’une non-participation à une précédente transition et à l’organisation de plusieurs élections. On a estimé que 15 mois étaient suffisants pour organiser des élections et sortir de cette période d’exception ».

« Il n’y a pas eu de dialogue avec le CNRD »

Ce processus de transition est en train d’être mis en place. Certains interrogent la stratégie du colonel.

Cellou Dalein Diallo : Il faut d’abord dire que le colonel avait pris l’initiative de demander aux partis politiques de lui faire des propositions sur les termes de cette transition. Le délai, les institutions, ont modifié tout ça. On a fait cet exercice et on a déposé des mémoires. La Charte, elle, est acceptable et elle est relativement bonne. Il n’y a pas de problème, même si le nombre de sièges attribués aux partis politiques nous paraît un peu faible puisqu’il y en a 15 sur 80. Mais ce qu’on a déploré un peu, c’est le fait qu’il n’y ait pas eu de dialogue avec le CNRD, aussi bien sur la durée de la transition que sur les organes de la transition, le cadre législatif et réglementaire des prochaines élections, etc. Mais jusqu’à présent, je crois qu’il n’y a pas de problème particulier.

Nathalie Wakam : Quelle va être la recette pour une transition réussie ?

Cellou Dalein Diallo : En ce qui concerne l’UFDG et l’ANAD, nous avons estimé qu’il était plus judicieux de remettre en face la constitution de 2010. Donc, on pourrait la réviser et la soumettre justement au référendum pour qu’elle soit validée. Pour nous, c’est important. Il y a un code électoral que peut-être, il faut revoir. Mais le problème de la Guinée, la délinquance électorale, ne se traduit pas simplement à travers les textes, mais aussi dans l’application. Dès lors que le président a été déchu, cela a inféodé la justice, et même la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ainsi que la Cour constitutionnelle. Ces institutions ne pouvaient proclamer que les résultats voulus par M. Alpha Condé.

Vous venez de faire référence au président Alpha Condé ? À votre avis, quel est le sort qui doit lui être réservé ?

Cellou Dalein Diallo : Je me réjouis d’abord de constater que monsieur Alpha Condé bénéficie d’un traitement digne et qu’il est suivi par son médecin. Il est bien traité. Bon, maintenant, est ce qu’il doit répondre de ses actes ? Je laisse pour l’instant le soin à la transition d’apprécier et de prendre les décisions qui conviennent.

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