Le gouvernement colombien a annoncé dimanche qu’il préparait l’extradition vers les Etats-Unis d' »Otoniel », chef du plus puissant gang de narcotrafiquants du pays, capturé la veille lors d’une opération dans le nord-ouest du pays.
« Contre ‘Otoniel’ il y a un mandat d’extradition (vers les Etats-Unis) (…) qui est toujours en cours », a déclaré le ministre de la Défense Diego Molano, dans un entretien au journal El Tiempo.
« C’est la voie pour tous ceux qui commettent des crimes transnationaux », a ajouté le ministre, précisant que « près de 30% du total » de la cocaïne ayant quitté le pays « appartenaient au Clan del Golfo », l’organisation dirigée par « Otoniel ».
Dairo Antonio Usuga, alias « Otoniel », 50 ans, a été arrêté lors d’une opération militaire et policière dans les jungles du nord-ouest de la Colombie, une action à laquelle ont participé quelque 700 hommes soutenus par 18 hélicoptères.
« Otoniel » a été transféré en fin de journée samedi vers Bogota par avion, où il a été emmené dans les locaux de la police sous forte escorte.
Inculpé par la justice américaine en 2009, il fait notamment l’objet d’une procédure d’extradition devant un tribunal de New York.
Les Etats-Unis et la Colombie ont offert des récompenses de plus de 5 millions de dollars pour des informations permettant de conduire à son arrestation.
« C’est le coup le plus important de ce siècle porté au trafic de drogue, mais nous n’allons pas nous arrêter là », a déclaré le président Ivan Duque lors d’un hommage à un policier décédé dans l’opération contre « Otoniel ».
– « Nous visons la victoire » –
« Nous visons plus, nous visons la victoire contre toutes les cibles de grande valeur », a assuré le président depuis une base militaire de la commune de Carepa (nord-ouest).
Issu d’une famille paysanne du nord-ouest de la Colombie, Usuga était un guérillero et un paramilitaire avant de prendre la tête d’une organisation de trafic de drogue forte d’environ 1.600 hommes et présente dans près de 300 municipalités, selon le centre d’études indépendant Indepaz.
Il a succédé à la tête du Clan del Golfo à son frère, Juan de Dios, dit « Giovanni », après sa mort lors d’un affrontement avec la police en 2012.
En 2017, Otoniel avait annoncé son intention de parvenir à un accord pour se rendre à la justice. Le gouvernement avait répondu en déployant pas moins de 1.000 soldats pour le pourchasser dans la jungle.
A Carepa, le président Duque a profité pour s’adresser, par leur pseudonymes, à deux hommes qui pourraient succéder au chef de gang arrêté.
« La sentence finale a déjà été prononcé pour le Clan del Golfo et c’est pourquoi ‘Chiquito Malo’ et ‘Siopas’, (…) le message qui leur est envoyé est clair: Soit ils se rendent, soit on part pour vous » arrêter, a-t-il lancé.
Le gouvernement accuse d’autres groupes armés comme l’Armée de libération nationale (ELN), la dernière guérilla active dans le pays, et les dissidents de la guérilla des FARC, qui a déposé les armes après le processus de paix de 2016, de se financer avec les revenus du trafic de drogues et de l’exploitation minière illégale.
La chute d' »Otoniel » représente le principal succès du gouvernement du président conservateur dans la lutte contre le crime organisé, ceci dans le plus grand pays exportateur de cocaïne au monde.
En cinq décennies de guerre contre la drogue soutenue par les États-Unis, la Colombie a tué ou capturé plusieurs barons de la drogue, dont Pablo Escobar, abattu par les forces de l’ordre en 1993. Cependant, le pays reste le premier producteur mondial de cocaïne et les Etats-Unis, l’acheteur le plus important.
AFP