L’Ethiopie a dit avoir effectué jeudi une nouvelle frappe aérienne sur la capitale de la région du Tigré en guerre, la quatrième de la semaine, affirmant cibler des infrastructures militaires des rebelles.
Cette dernière frappe a visé un centre « servant actuellement à l’entraînement militaire du TPLF », le Front de libération du peuple du Tigré, a déclaré à l’AFP un porte-parole du gouvernement éthiopien, Legesse Tulu.
Un porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a dit à l’AFP que les unités de défense aérienne de ce groupe rebelle avaient réussi à « déjouer » cette attaque.
Mais le ministre des Services de communication du gouvernement éthiopien, Selamawit Kassa, a nié l’échec de cette frappe, déclarant à l’AFP que la « mission a été réussie » sans donner davantage de précisions.
Lundi, deux premières frappes aériennes avaient été signalées dans la capitale du Tigré, provoquant la mort de trois enfants et blessant plusieurs personnes selon l’ONU. Il s’agissait des premières frappes rapportées sur Mekele depuis le début du conflit il y a près d’un an.
Mercredi, un troisième raid a visé à Mekele des « installations transformées (par les rebelles tigréens) en centre de fabrication d’armes et de réparation de leur matériel militaire », selon le gouvernement éthiopien. L’armée a aussi procédé à une frappe dans la ville d’Agbe, à environ 80 km à l’ouest de Mekele.
Selon une source hospitalière, la frappe à Mekele mercredi a fait au moins huit blessés, dont une femme enceinte.
Un porte-parole du TPLF, Kindeya Gebrehiwot, a affirmé qu’aucune victime n’était à déplorer après la frappe de jeudi.
Il a néanmoins dit, sur Twitter, que le bombardement avait touché une zone « où habitent des civils », y voyant « une nouvelle tentative de terroriser notre peuple pour les pertes sur le champ de bataille ».
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale dans la région du Tigré (nord) le 4 novembre 2020, après des mois de tensions, pour en chasser les autorités régionales dissidentes issues du TPLF, qui a exercé le pouvoir en Ethiopie jusqu’en 2018.
Les Etats-Unis ont condamné mercredi « l’escalade continue de la violence, qui met les civils en danger » tandis que l’ONU a fait part de son inquiétude après ces dernières violences.
– Des civils en fuite –
Ces frappes aériennes surviennent à un moment où des informations font état d’intenses combats dans la région Amhara, au sud du Tigré, où les rebelles du TPLF ont déclenché une offensive en juillet.
Mercredi, le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a affirmé sur Twitter que les rebelles du TPLF avaient pris le contrôle d’au moins deux nouvelles villes dans la région d’Amhara, plaçant « à portée d’artillerie » Kombolcha et Dessie – où des dizaines de milliers de civils avaient trouvé refuge devant l’avancée des rebelles depuis juillet.
Une grande partie du nord de l’Ethiopie est soumise à une coupure des communications et l’accès des journalistes y est restreint, rendant les informations difficiles à vérifier de manière indépendante.
Les habitants de Dessie ont fait état jeudi d’une forte présence militaire dans cette zone tandis que des civils qui ont fui les villes touchées par les combats plus au nord continuent d’affluer.
Des responsables du gouvernement ont multiplié les appels à la mobilisation au cours des derniers mois pour combattre les rebelles du TPLF. Selon des diplomates, des dizaines de milliers de personnes ont été mobilisées.
Le président régional d’Amhara, Yilkal Kefale, a appelé jeudi les Amharas armés à converger vers Dessie pour défendre la ville.
« Le temps est venu pour le peuple éthiopien de se tenir uni pour éliminer l’ennemi commun », a-t-il dit.
Au début du conflit, les forces fédérales avaient rapidement pris le contrôle de la majeure partie de la région, dont Mekele, tombée entre leurs mains fin novembre 2020.
Mais en juin, le TPLF a repris l’essentiel du Tigré puis a poursuivi son offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar, accentuant une crise humanitaire qui frappe des centaines de milliers de personnes.
Selon l’ONU, au moins deux millions de personnes ont été déplacées par le conflit au Tigré et dans les régions voisines.