Madagascar a perdu en 60 ans près de 40 % de ses forêts naturelles. Ceci en grande partie à cause de la déforestation massive et de la coupe d’arbre abusive de la part des réfugiés climatiques qui ont fui les régions touchées par la famine pour se retrouver dans la zone forestière du Sud. C’est le cas de l’air protégé de Tsitongambarika situé dans le Nord de la ville de Fort-Dauphin dans la région d’Anosy.
« Il y a de cela 60 ans, la forêt couvrait 45 % de l’espace de Madagascar, mais aujourd’hui il ne reste plus de forêt que sur 12 % de l’ensemble du territoire », explique Hanta Razafindjra, directrice du processus de reboisement de Madagascar.
Une déforestation qui a un impact direct sur l’environnement. Les pluies sont rares et la sécheresse frappe de plein fouet le sud de l’Ile entrainant une famine sans pareil. Mais la déforestation est justifiée ici par le manque de moyens de subsistance chez les populations. On coupe du bois pour se réchauffer, pour vendre ou en faire du charbon qui sera revendu sur du marché afin d’avoir de quoi manger.
Augustin Lambo, est une victime de la déforestation abusive même s’il justifie son acte.
« Nous connaissons bien l’impact négatif de la déforestation, mais il y a la sécheresse, on a perdu nos rizières, du coup, on est obligé de couper du bois dans la forêt pour nos besoins quotidiens, et on en vend une partie », explique-t-il.
Désormais, c’est avec nostalgie qu’il passe à côté de cette rizière aux dans l’enclave de l’aire protégée. Lui, qui a perdu sa rizière à cause de la sècheresse, a décidé de se joindre aux habitants du village pour se faire former et adhérer au processus de reboisement de l’air. Car il est certain que si la forêt revient, la pluie sera de retour et il pourra ainsi retourner à l’agriculture.
« La situation est grave, c’est pour cela qu’on a décidé de s’associer aux responsables de cet air protégé pour son reboisement. En effet à cause du manque de pluie et de la sécheresse, je ne peux plus cultiver du riz, mais si la forêt revient, on aura de l’eau et je pourrais retrouver à ma plantation de riz. Et s’il y a la forêt, on pourra se soigner, car l’essentiel de nos médicaments viennent de là ».
Aujourd’hui Madagascar subit les conséquences de cette déforestation à travers les érosions de sols, la perte de sa biodiversité, la sécheresse qui entraîne la famine. Le gouvernement a prévu pour contrer la sécheresse qui fait déjà des effets sur l’Ile une campagne de reboisement avec comme objectif 40.000 hectares par an en plantant 40 millions de jeunes pousses grâce à la mobilisation populaire. Une mobilisation qui passe par la formation, la sensibilisation des jeunes pour une plus grande implication.
« Cette aire protégée de Tsitongambarika, ce sont à peu près 59.000 hectares. Dedans, une grande partie a été dégradée, donc ce qui fera environ 20.000 hectares à restaurer sur les années à venir. Donc il fallait absolument trouver des activités économiques durables pour ces populations-là donc les créations de chaînes de valeur ; par exemple, on a développé ici sur ce site des formations pour les accompagner à devenir des entrepreneurs, apiculteurs à la forgerie, et il y a aussi une expérience qui est en train de se faire : la mise en place d’une filière de vannerie et reforestation biologique », explique Vahinala Baomiavotse, ministre de l’environnement.