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Après les élections, l’Allemagne à l’heure des négociations de coalition

Après les élections, les tractations: les sociaux-démocrates, arrivés en tête, et les conservateurs d’Angela Merkel, tombés à un niveau historiquement bas, entament ce dimanche des pourparlers séparés pour tenter de bâtir une coalition et conquérir la chancellerie.

L’enjeu est de taille pour la première économie européenne, qui garde un souvenir amer des précédentes négociations de coalition en 2017, qui avaient duré des mois et provoqué une paralysie de l’Union européenne.

Le SPD d’Olaf Scholz, en pole position pour tenter de former le prochain attelage au pouvoir après sa courte victoire, rencontrera dimanche tour à tour les libéraux du FDP et les Verts, les deux partis faiseurs de chancelier.

L’objectif de M. Scholz est clair: succéder à Angela Merkel à la chancellerie, à la tête d’une coalition « tricolore » avec ces deux formations.

– « Partie de poker » –

« Il est clair dans tous les sondages que les gens ne veulent pas que la CDU-CSU fasse partie du prochain gouvernement », a résumé samedi le nouvel homme fort de la social-démocratie allemande dans l’hebdomadaire Der Spiegel, qui le présente en une comme le probable futur chancelier.

Mais l’union conservatrice CDU-CSU, bien que passée pour la première fois depuis 1949 sous la barre des 30%, n’a pas dit son dernier mot et entend bien tout faire pour tenter de conserver la chancellerie.

Les chrétiens-démocrates de l’impopulaire Armin Laschet mèneront ainsi des pourparlers avec les libéraux dimanche, avant de rencontrer les « Grünen » mardi.

Tous les ingrédients sont donc réunis pour une gigantesque « partie de poker », selon le Spiegel, en vue de composer le futur attelage aux manettes du pays.

L’opinion publique semble pourtant avoir clairement tranché en faveur du SPD et de son chef de file, actuel ministre des Finances du gouvernement de grande coalition.

Près de six Allemands sur dix (59%) souhaitent ainsi une coalition « tricolore » entre SPD, Verts et FDP, contre 24% qui lui préfèreraient une coalition menée par les conservateurs, selon un sondage pour la chaîne publique ZDF.

Pour trois quarts des personnes interrogées, M. Scholz, expérimenté mais dénué de charisme, doit être le prochain chancelier. Seuls 13% penchent pour Armin Laschet.

Les discussions s’annoncent cependant ardues avec ces deux partis.

Les libéraux ne cachent pas qu’ils auraient préféré traiter avec les conservateurs. Mais quatre ans après avoir renoncé à s’entendre avec Angela Merkel, ils semblent cette fois prêts à faire des concessions.

Les Verts eux aussi sont prêts à lâcher du lest pour former un « gouvernement progressiste » avec le SPD.

Ils ne font ainsi plus de l’instauration d’une limitation de vitesse sur l’autoroute un totem incontournable d’une éventuelle participation au gouvernement.

Les deux partis, arrivés en tête chez les jeunes électeurs, sont également en phase pour réclamer la suppression de la criminalisation de la publicité pour l’avortement, à laquelle sont attachés les conservateurs.

Dans ce contexte, le co-président du SPD, Norbert Walter-Borjans s’est voulu optimiste samedi: « nous pourrions entamer des négociations formelles de coalition en octobre et les conclure d’ici décembre ».

– « Naphtaline » –

Mais les conservateurs rechignent à tirer un trait sur le pouvoir après l’avoir exercé sans discontinuer depuis 2005.

Dans le parti de Mme Merkel, l’heure semble cependant être aux règlements de compte et querelles d’ego.

M. Laschet, dont l’image a été un peu plus abîmée par sa réticence à reconnaître sa défaite, semble de plus en plus menacé.

« Il est là comme quelqu’un qui s’accroche à son poste de chef de parti de la manière la plus indigne qui soit et qui veut accéder à la chancellerie avec toute sa force brute, alors que presque personne d’autre ne le souhaite », a résumé samedi le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Friedrich Merz, ennemi intime de Mme Merkel et candidat malheureux à la présidence de la CDU en début d’année, s’est d’ores et déjà dit prêt à diriger un parti « devenu paresseux dans sa façon de penser ».

L’actuel ministre de la Santé, l’ambitieux Jens Spahn, appelle lui à un rajeunissement pour sortir le parti de la « naphtaline ».

afp

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